La côte des Squelettes
Après une nuit enfin complète dans un logement qui nous a permis de couper temporairement avec le camping en pleine nature, nous repartons de plus belle.
La journée commence avec inquiétude. L'impact sur le pare-brise du 4x4 nous semble avoir grandi pendant nuit. Nous partons donc à la recherche d'une agence Britz, notre loueur de voiture. Walvis Bay n'en possède pas, mais Swakopmund si. Swakopmund est la ville voisine de Walvis Bay, elle se trouve au nord, sur notre chemin pour nous rendre à notre prochaine destination. Après avoir suivi les indications de localisation sur le GPS nous ne trouverons pas d'agence. En effet, celle-ci n'existe plus, contrairement à ce qui est indiqué sur le site du loueur. Nous décidons d'appeler Britz pour les informer de notre problème. Nous leur expliquons que l'impact d'environ 5 centimètres nous inquiète. Ils nous disent qu'il n'y a aucune inquiétude à avoir en cas d'impact inférieur à ... 30 centimètres !!! Plus ou moins rassurés par cette explication, nous continuons donc notre route.
Le littoral se trouvant au dessus de Swakopmund s'appelle la Côte des Squelettes. La côte des Squelettes est en fait un désert de sable blanc prolongeant le désert du Namib jusqu'à la frontière avec l'Angola, complètement au nord du pays. Nous n'emprunterons qu'une infime partie de la côte pour rejoindre le Cap Cross. Nous ne passerons d'ailleurs pas les barrières du Skeleton Coast Park.
Le nom des lieux est donné par la présence de nombreux squelettes d'animaux ayant succombé à la traversée des dunes mais surtout de carcasses de baleines et de phoques, échoués le long des plages. Nous ne verrons rien de nos propres yeux car nous n'avons pas le temps de traverser le parc cette fois-ci. La côte des Squelettes est également baptisée ainsi en raison du nombre important de navires échoués près des plages à cause du brouillard.
Notre périple nous conduit à Henties Bay. Cette petite ville côtière au nord de Swakopmund est l'un des seuls endroits habités sur la côte des Squelettes avec Torra Bay, Terrace Bay et Mowe Bay qui se trouvent bien plus au nord. Sur environ 700 km de côtes, seulement 4 villages sont recensés dont certains bien plus rudimentaires que Henties Bay. Henties Bay présente quelques épaves de navires. Nous en apercevons une au loin.
Nous filons vers le Cap Cross. La route au milieu du désert est bordée par de nombreux présentoirs où se trouvent des pierres précieuses de la région. A défaut d'avoir une personne pour les vendre, des petites tirelires sont déposées afin de laisser une pièce lorsque l'on décide de se servir.
Les otaries du Cap Cross
Notre découverte de la côte des Squelettes s'arrête au cap Cross. Après avoir payé un permis d'accès, nous avançons vers la pointe du cap jusqu'à un parking. Nous sortons de la voiture et nous sommes tout de suite étonnés de l'odeur très forte des lieux.
Le parking est entouré d'otaries à fourrure que nous entendons crier. Une petite passerelle aménagée permet de nous rapprocher au plus près d'elles. Nous sommes au milieu d'une des plus grandes colonies d'otaries du monde. On dénombre environ 100 000 individus au cap Cross. L'odeur, le bruit, mais surtout la quantité d'otaries nous impressionnent ! La colonie se trouve au bord de l'eau. Certains individus sont à la pêche pendant que d'autres gardent les petits. Nous sommes à la fin de la période des naissances et nous avons la chance de voir un grand nombre de petites otaries. Les jeunes sont de couleur noire alors que les adultes sont marron.
Le bruit est notamment dû aux mères qui crient pour retrouver leur petit. Chaque femelle otarie a un cri différent des autres ce qui permet aux plus jeunes de retrouver leur maman lorsque celle-ci rentre d'une partie de pèche. La colonie organise également un système de surveillance des petits. En général, une femelle les surveille pendant que les autres partent à la recherche de nourriture.
Après un long moment à observer la colonie d'otaries à fourrure, nous faisons demi-tour et repartons en direction de Henties Bay. A quelques kilomètres de la colonie, nous apercevons un chacal à chabraque. Celui-ci semble s'éloigner de celle-ci. Le chacal à chabraque est le principal prédateur des otaries à fourrure. Celui-ci vient peut-être de finir son repas.
Nous profitons de Henties Bay pour faire le plein de carburant puis empruntons la piste D1918. Cette piste traverse le désert côtier particulièrement lunaire en direction de l'est. Nous disons donc au-revoir à la façade Atlantique pour retourner dans les terres.
Les rochers de Spitzkoppe
Nous avons laissé derrière nous la côte des Squelettes pour rentrer dans l'une des plus belles régions de Namibie, le Damaraland, le pays des Damaras, un groupe ethnique d'Afrique australe. Le Damaraland est connu pour être l'un des plus agréables endroits de Namibie. Il possède des sites exceptionnels, vestiges d'anciens volcans. Parmi eux, le majestueux Spitzkoppe se dresse aux portes du Damaraland.
Du haut de ses 1784 mètres de hauteur, Spitzkoppe est un amoncellement de granit de plus de 700 millions d'années. Il se dresse seul dans le bush sans relief.
Le site est de plus en plus beau à mesure que nous nous en approchons. Les roches orange lisses et sculptées au milieu du bush sont magnifiques. Nous pénétrons dans le site protégé, qui est un immense camping. Nous avions réservé la nuit mais l'emplacement est attribué selon la règle du premier arrivé, premier servi. Nous commençons par un pique-nique au pied des rochers en essayant de trouver un peu d'ombre. Une fois le repas de midi terminé, nous nous amusons déjà à crapahuter sur les roches.
Nous entamons notre découverte du site. Nous faisons un premier arrêt au pied d'un gros rocher appelé Pool Rock. Après une balade dans un petit passage au milieu de deux grands édifices, nous grimpons jusqu'à la piscine naturelle formée par les rochers. En ce moment, les pluies sont rares et le rafraîchissement est impossible. Nous grimpons au sommet du rocher, qui offre une vue exceptionnelle à 360 degrés sur Spitzkoppe et la plaine.
Lors de la descente, nous observons plusieurs habitants des lieux : les steenboks et les damans. Le daman est un rongeur proche de la marmotte qui aime particulièrement les roches escarpées et la chaleur. Nous pouvons les entendre siffler à la manière des marmottes européennes. Les steenboks, ou Raphicère, sont des antilopes faisant partie de la famille des antilopes naines. C'est une magnifique antilope très vive à la course, qui possède de grandes oreilles et de grands yeux.
Nous marchons maintenant jusqu'à un autre rocher, celui appelé l'Arche. Celui-ci forme effectivement une arche. La vue depuis celle-ci est tout aussi sublime que les précédentes.
Le soleil commence à baisser dans le ciel, les damans sortent petit à petit des rochers. Nous pouvons en observer beaucoup, ainsi que des écureuils fouisseurs. Voyant que les rares emplacements du camping, dissimulés partout autour du site de Spitzkoppe, commencent à être pris par des campeurs, nous rejoignons le 4x4 afin de nous rendre vers l'ouest. Nous cherchons un emplacement idéal pour voir le coucher du soleil.
Spitzkoppe Campsite
Après avoir tourné un peu avec notre véhicule, nous trouvons un emplacement de choix. Les emplacements sont très sommaires afin de ne pas polluer ce site d'exception.
Peu à peu le soleil tombe. La luminosité de fin de journée sur les rochers orangers est merveilleuse : quelles couleurs !
La nuit tombée, nous profitons des lumières de la lune presque pleine et du chant des insectes et oiseaux. Nous faisons cependant attention à ne pas rencontrer certains habitants des lieux : cobras et mambas noirs, les serpents les plus dangereux du monde. Par chance, ou malchance pour certains, nous n'en croiserons pas.
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