Nous avons quitté la Tanzanie après une longue journée de bus depuis Mwanza. Une fois la frontière ougandaise passée, nous avons rejoint Masaka en matatu, transport local équivalent au dalla dalla tanzanien. Le lendemain, nous avons atteint Kilembe en passant par Ishaka puis Kasese. Kilembe se situe sur les contreforts des Monts Rwenzori, c'est une ville minière peu charmante malgré les beaux reliefs des environs. Kilembe est l'un des deux camps de base pour l'accès au parc national des Monts Rwenzori.
Nous passons la soirée à nous préparer aux cinq jours suivants, où nous allons crapahuter dans les montagnes jusqu'au Pic Weismann, notre objectif de 4620 mètres d'altitude. Nous rencontrons Karusu et Samson, nos deux guides-cuisiniers pour le trek, qui viennent nous faire un petit briefing avant le grand départ du lendemain.
Au petit matin, nous rencontrons l'équipe de 5 porteurs qui nous accompagnera dans la montagne. Ils porteront notre sac ainsi que tout le matériel et la nourriture nécessaires aux 5 jours. La randonnée dans les monts Rwenzori a la particularité de nécessiter des bottes, qui se substituent à nos chaussures lors de certaines étapes.
Le massif des monts Rwenzori est le troisième plus haut massif d'Afrique, derrière le mont Kilimandjaro et le mont Kenya. Ces derniers sont en revanche des volcans, alors que le massif des Rwenzori est un massif cristallin formé par collision de deux plaques tectoniques. Ainsi, contrairement aux volcans qui ont des pentes régulières de bas en haut, le massif des Rwenzori est composé de monts et de vallées, ne facilitant pas l'ascension des randonneurs !
Jour 1 : Kilembe (1450m) au Sine Camp (2598m)
Nous partons vers les 9 heures avec l'équipe de guides et porteurs. Il nous faut déjà une heure et demie pour rejoindre les bureaux du parc national à 1790 mètres d'altitude. Ensuite , nous pénétrons dans la forêt tropicale qui s'étend jusqu'à 2800 mètres d'altitude.
Le parc national est classé par l'UNESCO pour sa faune et sa flore. Dans la partie tropicale, on retrouve déjà une grande diversité de fleurs dont les magnifiques impatiens. Nous avons pu apercevoir de nombreux animaux : caméléon, cercopithèque à diadème, colobes guérézas et le rare cercopithèque de l'Hoest. Le parc abrite aussi des éléphants, buffles, léopards et serpents, tous impossibles à observer.
Nous marchons pendant 5 heures 30, pique-nique compris, pour environ 1146 mètres de dénivelé et 10 kilomètres, afin d'atteindre le Sine camp à 2596 mètres d'altitude où nous passerons la première nuit. Juste avant le camp se trouve la cascade d'Enock où nous prenons une douche très très fraîche ! La nuit sera aussi fraîche, nous nous apercevons que nous ne sommes peut-être pas suffisamment équipés pour les nuits et redoutons les prochaines à de plus hautes altitudes.
Jour 2 : Sine Camp à Mutinda Camp (3588m)
Deuxième jour de toute beauté, où nous quittons la forêt tropicale pour traverser la zone des bambous.
Au delà des 3000 mètres d'altitude, nous passons dans la zone des bruyères géantes, recouvertes de lichen tombant. Les décors sont ici dignes d'un film de science-fiction ! On retrouve toujours de nombreuses fleurs sur le chemin.
Au fur et à mesure de l'ascension, les arbres se recouvrent de mousses, le paysage devient de plus en plus humide.
Nous passons alors dans une vallée où les paysages spectaculaires prennent encore plus d'ampleur ! Nous découvrons notamment les premières lobélies géantes au milieu de la vallée couvertes de mousses et entourées de forêts de bruyères. Nous devons d'ailleurs traverser la zone sur des pontons en bois pour ne pas s'enfoncer dans ces marais.
A ces altitudes, les décors sont à couper le souffle, s'il n'est pas déjà coupé par l'ascension et l'altitude ! Nous sommes dans les paysages uniques des monts Rwenzori, seul massif cristallin équatorial d'Afrique. L'ambiance est féerique, une vraie immersion dans les paysages de conte de fée.
Après 4 heures et demie, 1018 mètres de dénivelé pour 6 kilomètres 600, nous arrivons à notre second camp, construit au milieu d'une vallée entourée de montagnes pointues et décorée de nombreuses lobélies géantes.
Le ciel se dégage enfin et laisse apparaître les lumières de fin de journée sur les montagnes.
Nous prenons une douche à la bassine d'eau chaude dans la forêt de lobélies géantes avant de passer une nouvelle nuit encore plus fraîche que la précédente !
Jour 3 : Mutinda Camp à Bugata Camp (4062m)
Troisième journée de grimpette pour laquelle nous enfilons les bottes. Nous nous approchons des plus hautes altitudes. Pendant la montée, nous observons notre premier céphalophe rouge, petite antilope vivant dans les rochers de hautes altitudes.
Nous quittons petit à petit la zone des bruyères géantes pour franchir vers 3800 mètres d'altitude, la zone afro-alpine, moins verdoyante mais d'où se dégagent les sommets à plus de 4000 mètres. Le ciel clair du matin se couvre lentement.
Nous progressons pas à pas vers le troisième camp, le Bugata camp, à 4062 mètres d'altitude. Le camp est placé sur un promontoire rocheux offrant une vue sublime sur le lac Bugata, ainsi que tous les sommets des alentours, dont notre objectif, le Pic Weismann ! Le ciel s'éclaircit à nouveau en fin de journée.
Nous passons une bonne soirée autour du feu, indispensable pour lutter contre le froid à cette altitude. Nous nous préparons pour la journée du lendemain, la plus difficile d'après les guides.
Jour 4 : Bugata Camp à Kiharo Camp (3460m) avec ascension du Pic Weismann (4620m)
Le grand jour est arrivé, nous allons gravir le Pic Weismann et commencer une bonne partie de la descente ensuite. Nous partons vers 7 heures 30 et longeons tout d'abord le lac Bugata puis le lac Kopello. Le beau temps nous offre de belles vues sur ceux-ci.
Nous entamons ensuite la grande dernière montée. Nous grimpons à travers une sublime vallée composée de roches et de lobélies géantes. Les décors font penser à des paysages préhistoriques. L'ascension est très difficile, le manque d'oxygène se faisant sentir et la pente nécessitant l'usage des mains.
Nous arrivons enfin au col d'Oliver à 4505 mètres d'altitude, d'où nous découvrons l'autre partie du massif et notamment le plus haut sommet : le Pic Margherita et ses 5110 mètres, l'un des Pic du Mont Stanley, troisième sommet d'Afrique. Depuis le col, la vue encore dégagée permet de voir le glacier, malheureusement destiné à disparaitre dans les années qui arrivent à cause du réchauffement climatique.
La petite pause au col nous permet de souffler un peu avant de gravir les derniers mètres vers le Pic Weismann.
Nous sommes enfin en haut, ce qui nous suscite beaucoup d'émotions ! Nous apprécions la vue sur de nombreux sommets, malgré l'arrivée des nuages.
Après de longues minutes de répit, nous nous lançons enfin dans la descente. La journée sera encore longue car de nombreux kilomètres nous attendent avant le camp Kiharo. Le décor sur les hauteurs est toujours aussi grandiose, en revanche, avant le camp, un incendie datant de 10 ans a complétement changé le paysage, moins verdoyant et coloré qu'habituellement. Nous avons droit à une légère grêle puis pluie, caractéristiques des Rwenzori, qui offrent toutefois une ambiance mystique emblématique de ces montagnes où il pleut 350 jours par an.
Jour 5 : Kiharo Camp à Kilembe
Le dernier jour est consacré à une longue descente sur les hauteurs de la rivière Nyamwamba. Nous retrouvons les bruyères, les bambous puis la forêt tropicale. Nous nous arrêtons à de nombreuses cascades au cours de la longue journée où nous parcourons 19 kilomètres.
Nous arrivons dans l'après-midi au camp de base de Kilembe où Kasuru et Samson récompensent notre bravoure avec un beau certificat d'ascension du Pic Weismann !
Il est temps pour nous de retrouver une vraie chambre, un vrai lit et une température plus agréable. Après une bonne nuit, nous prenons le bus jusqu'à Kampala puis Entebbe pour de nouvelles aventures.
Un trek dans les monts Rwenzori est très éprouvant, mais les paysages uniques qui varient en fonction de l'altitude et les ambiances fantastiques rendent l'expérience incontournable !
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