Nous nous sommes quittés il y a une semaine au plus profond des monts Usambara. Nous étions alors prêts à affronter deux jours complets de transports, le premier pour rejoindre Dar Es Salaam, le second pour l'île de Mafia. C'est donc après une journée éprouvante de bus et une seconde de dalla dalla bondé et de ferry qui tangue, que nous arrivons de nuit sur la jetée de Kilindoni, la principale ville de l'archipel de Mafia. Nous nous dirigeons vers le logement où nous passerons 3 nuits, toujours sur Kilindoni.
Tout juste remis de nos émotions des journées de transport, nous partons à la découverte des côtes de Kilindoni. Si la ville est plutôt sympathique, la météo très nuageuse et la saleté des plages ne nous emballent pas pour le moment. En effet, Kilindoni est un port de pêcheurs où l'eau est très foncée et où les déchets plastiques recouvrent les côtes. Malgré le potentiel de la mangrove qui s'étend le long des plages du nord et du sable blanc sur les plages du sud, nous sommes plutôt déçus de cette première approche de l'île de Mafia.
Nous passons donc beaucoup de temps pour cette première journée dans le bar de notre auberge. Ce bar accueille de nombreux locaux et touristes dans une ambiance musicale ou devant les matchs de football locaux. La rivalité des clubs principaux de Tanzanie, Simba Sports Club et Yanga, se retrouve dans tous les lieux publics du pays.
En fin d'après-midi, nous finissons notre tour par le coeur de la ville. Lorsque nous passons devant le terrain de foot local, les plus footeux d'entre nous sont invités par les jeunes du village à venir taper le ballon sur le stade sableux au milieu des cocotiers !
Bien fatigués par la partie, nous rentrons à la tombée de la nuit et allons nous coucher pour bien préparer la journée du lendemain, tant attendue !
Il est l'heure de se réveiller et avec excitation nous marchons jusqu'à la plage de Kilindoni, rejoindre Kitu Kiblu, une association locale gérée par européens et sud-africains, qui a vocation à étudier les géants et stars de l'archipel de Mafia : les requins-baleines. Nous arrivons au lieu de rendez-vous où nous attend un petit-déjeuner ainsi qu'un petit brief sur la sécurité en mer. L'excitation de voir et de nager avec les plus gros poissons du monde monte de minute en minute.
Mafia est célèbre pour la grande quantité de requins-baleines qui nagent dans ses eaux. De septembre à février, les vents sur la côte tanzanienne de l'océan Indien poussent le plancton, principale nourriture des requins-baleines, qui s'amasse dans le canal entre Mafia et la côte du continent. Les requins-baleines, animaux très solitaires, se retrouvent alors tous dans ces eaux en quête de nourriture. Il est donc assez facile de les voir à cette période lorsque la météo le permet. Le reste de l'année, les vents éparpillent le plancton dans les environs, les requins-baleines sont alors dispersés et impossibles à localiser.
Nous partons alors au large à bord d'un joli boutre. Sur le trajet, nous avons droit à de copieuses informations sur les requins-baleines. Nous arrivons alors, dans la mer plutôt agitée, à repérer les ailerons d'un premier spécimen. Une fois proches, nous nous lançons munis de palmes, masque et tuba dans l'eau profonde. Si aux premiers abords nous trouvons difficile de pouvoir voir et nager à côté des requins, nous passons finalement une matinée de rêve ! Au plus beau du matin, nous avons pu voir 8 requins-baleines en même temps !
L'émotion est garantie lorsque l'on plonge face au requin. Les requins-baleines ayant une très mauvaise vue, comparée à leur fine ouïe et à leur perception des vibrations, ils semblent nous foncer droit dessus avant de changer de direction à moins d'un mètre ! Nous tentons alors de suivre leurs mouvements et de nager à leurs côtés en admirant leurs écailles. La rencontre est vraiment impressionnante !
Sur Mafia, les requins présents sont pour la plupart des jeunes mâles dont la taille varie entre 6 et 10 mètres. Dans d'autres régions du monde, on retrouve une répartition différente. A l'âge adulte, ils peuvent atteindre 20 mètres pour les mâles et 22 mètres pour les femelles ! Un requin-baleine vit jusqu'à plus de 100 ans et est mature vers les 30. On vous rassure, être nez-à-nez avec un spécimen de 8 mètres est déjà ébouriffant !
Fiers de nos rencontres du jour, nous nous laissons au repos pour l'après-midi et la soirée.
Au lendemain de notre troisième et dernière nuit à Kilindoni, nous prenons le temps de nous préparer pour changer de lieu. Avant de partir, nous faisons un petit tour chez un coiffeur local au milieu de la ville pour rafraîchir la coupe de Monsieur. Il faut dire que, si l'expérience est très drôle, le résultat est assez catastrophique !
Nous prenons ensuite le dalla dalla pour Utende, la ville située sur la côte est de l'île. Utende est la porte d'entrée au parc marin de Mafia, la plus grande réserve marine protégée d'Afrique de l'est. Ici, pas de plastique et autres détritus. Tout est propre, l'eau est limpide. A Utende, nous sommes attendus par le personnel de notre logement plutôt luxueux ! Nous devons traverser le canal en bateau pour nous rendre sur la petite île en face d'Utende, l'île de Chole. Chole fait partie des îles de l'archipel de Mafia qui possède aussi de nombreux bancs de sable. Chole a donné son nom à la baie qui se situe au nord de celle-ci. Cette baie est un paradis pour les plongeurs grâce à ses nombreux récifs coralliens intacts.
Nous arrivons à Chole Mjini, un lodge haut de gamme, surtout en comparaison de nos précédents logements. Ici, les chambres sont en fait des cabanes construites dans les arbres, en général des baobabs. Nous prenons possession des lieux et sommes époustouflés par le cadre verdoyant, la vue sur la baie de Chole et l'ambiance très "Tarzan et Jane" du logement. Inutile de dire que les levers et couchers de soleil sont plutôt agréables. En fin de journée on aperçoit même de nombreuses roussettes, des chauves-souris frugivores, voler au dessus des arbres. Nous passerons 3 nuits dans ce décor de rêve.
Chole est un peu comme l'île de Mafia et les autres de l'archipel, elle est entourée de mangrove ce qui implique que les plages sont réduites malgré la couleur de l'océan idyllique. Pour profiter des lieux, le mieux est de faire une sortie en bateau, notamment pour faire du snorkeling. C'est ce que nous faisons le lendemain de notre arrivée et nous ne sommes pas déçus. Même si nous sommes parfois difficiles depuis la visite il y a quelques années de Sipadan en Malaisie, l'un des plus beaux sites du monde, nous tombons vraiment sous le charme de la baie de Chole ! Les coraux sont sublimes et les poissons colorés de toutes tailles sont en nombre !
Le deuxième jour, entre détente sur la terrasse de notre cabane et baignade dans la mangrove, nous partons en bateau vers l'île voisine de Juani. Au sud de l'île, nous entrons en bateau dans un canal sauvage, au beau milieu de la mangrove. La marée étant en train de baisser, le bateau doit s'arrêter car commence à racler le sable. Nous devons alors finir la navigation en paddle, pour rejoindre une petite crique de l'autre côté du canal.
De cette crique sauvage, entre mangrove, océan et bancs de sable, nous prenons à pied un petit chemin et arrivons dans un lieu enchanteur. Ici, on l'appelle Blue Lagoon. C'est un trou d'eau isolé dans la forêt, à l'eau bleu turquoise et transparente, une vraie piscine naturelle. A marée haute du côté de l'océan, un peu d'eau vient faire monter le niveau de ce trou d'eau. A marée basse, aucune connexion n'existe avec l'océan. Cela permet au lieu d'être une sorte d'écosystème presque fermé. Ici, on peut voir au fond des plantes marines originales ainsi qu'une énorme quantité de méduses peu communes, inoffensives bien évidemment. L'observation est intéressante mais c'est surtout l'atmosphère pour la baignade qui rend l'endroit féerique !
Nous retournons jusqu'à nos paddles et sur le canal, la marée a encore baissé, laissant apparaître encore plus de sable et de piscines naturelles d'eau salée. Nous remontons le canal pour retrouver le bateau. Nous nous rendons maintenant jusqu'à un autre lieu de l'île de Juani : les ruines de Kua.
Une visite historique des ruines nous attend. Kua était jadis l'un des emplacements clés sur les côtes de l'océan Indien dominées par les Chirazis. D'autres sites sont célèbres également pour leurs ruines, de Mombasa au Kenya à Kilwa Kisiwani au sud de la Tanzanie, en passant par Tanga, Pangani, Bagamoyo, Songo Songo... etc. On retrouve sur le site de Kua fraîchement dégagé de la végétation, un ancien grand palais où vivait le sultan, plusieurs mosquées et pierres tombales ainsi que de nombreux bâtiments.
Nous apprenons de nombreuses informations sur l'histoire de l'archipel de Mafia. La domination par l'île de Juani, puis le déplacement du pouvoir par les arabes puis les allemands sur l'île de Chole, où nous retrouvons dans le lodge de nombreuses ruines du passé. Enfin, les britanniques ont créé leur base militaire dont l'aéroport sur Mafia pour former Kilindoni, devenue depuis la ville la plus importante de l'archipel.
Nous rentrons alors en bateau sur Chole, dans une mer toujours limpide. Pour la troisième journée, nous décidons de nous consacrer à une activité culinaire. Pendant 3 heures, nous allons apprendre avec une cuisinière locale, comment préparer des samosas, des chapatis ainsi qu'un plat à base de poisson, le fish masala. Ensuite, nous pourrons déguster les fruits de notre travail pour le repas du midi. Pendant ce moment de cuisine, nous apprenons notamment à utiliser un ustensile hors du commun qui permet d'extraire l'intérieur d'une noix de coc.
Après la cuisine et un bon repas, nous devons malheureusement quitter les lieux. Chole nous aura vraiment charmés, et malgré le premier aperçu décevant, l'archipel de Mafia restera comme l'un de nos meilleurs souvenirs de voyage !
Il est temps de quitter la côte océanique et de rentrer au plus profond des terres tanzaniennes. Nous effectuons le transfert depuis Mafia vers Dar Es Salaam puis vers Mwanza, dans le nord-ouest du pays.
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