Il est 10 heures du matin, nous rejoignons John pour le grand départ sur la felouque, petit voilier en bois traditionnel de la vallée du Nil. Nous partons en compagnie de John, son oncle et Abdallah, un jeune soudanais assez timide qui apporte son aide pour l'expédition.
Première journée, totale décontraction
Aujourd'hui, une première pour nous en Egypte, le ciel est voilé et le vent souffle fort. Nous ne pouvons pas pour l'instant naviguer avec la voile, nous commençons par nous laisser lentement porter par le courant du Nil, et ce jusqu'au repas de midi. John est le responsable de la cuisine, il adore même inventer des recettes !
En début d'après-midi, le ciel se dégage, le vent se calme un peu, nous pouvons ouvrir la grande voile ! C'est parti pour la navigation. John nous apprend comment tenir le gouvernail.
Nous voguons lentement sur le Nil, et admirons les paysages majoritairement composé de cultures au premier plan et de désert au second. Le Nil est le principal moyen de vivre des Égyptiens. En effets, la majeure partie de la population vit sur les bords du Nil, d'Alexandrie au nord aux villages nubiens au sud. Le fleuve est la seule source en eau et donc en vie pour le pays. Il concentre également la majeure partie de l'agriculture sur ses terres fertiles et humides.
Nous nous arrêtons au coucher du soleil où nous passons la soirée à faire des jeux et à chanter sur le bateau, puis dormons à la belle étoile sur le pont. Le bateau n'est équipé d'aucun confort. Pour les toilettes, il faut descendre sur l'une des rives pour faire ses besoins en pleine nature ou dans les plantations, pour la douche, il n'y a pas de solution à part se verser un peu d'eau avec des bouteilles.
Visite à Kom Ombo et casse sur le bateau
Le soleil chaud du matin nous réveille, nous prenons le petit déjeuner pour lequel John nous concocte une sorte de soupe de pâte issue de son imaginaire.
Nous reprenons la navigation jusqu'à Kom Ombo, une ville de bord du Nil où se trouve un important monument historique. Nous sortons alors du bateau pour visiter le temple de Haroeris et Sobek.
Le temple se trouve au bord du fleuve. Il est dédié à Haroeris, dieu-faucon signifiant Horus l'ancien, et Sobek, le dieu-crocodile. Kom Ombo est la terre où les crocodiles sacrés paressaient sur les berges, d'où l'importance ici du dieu Sobek.
Le temple de Kom Ombo est remarquable également par sa construction peu commune : il est en fait dédoublé de manière symétrique de part et d'autre de l'axe central. Une partie est dédiée à Sobek, l'autre à Haroeris. Cela est valable de la cour d'entrée, jusqu'au sanctuaire, en passant par les différentes salles hypostyles et les antichambres.
Le site abrite également un nilomètre romain. Cet outil permettant de mesurer le niveau du fleuve, étant utilisé pour déterminer les taxes annuelles de l'époque. Plus le Nil était haut, plus la récolte était importante donc plus les taxes étaient élevées, et inversement.
A la fin de la visite du temple, on traverse un petit musée, appelé musée du crocodile, où l'on trouve notamment une impressionnante collection d'une vingtaine de momies de crocodiles, toutes trouvées non loin de là, dans le cimetière de Sobek.
La visite terminée, nous repartons sur le bateau. Au milieu de l'après-midi, un évènement imprévu arrive. Sous la force du vent, l'un des mâts de la grande voile casse ! C'est la panique à bord, tout notre équipage est énervé et grogne en arabe. Nous devons nous arrêter pour effectuer des réparations... les réparations prendront 3 bonnes heures, où nous sommes arrêtés sur les berges du Nil, jusqu'à la tombée de la nuit.
Nous devons rattraper maintenant le retard et voguons de nuit vers notre destination. Nous arrivons vers 23 heures 30 à destination à Djebel Silsila. Non loin vivent quelques agriculteurs, l'un nous permet d'aller aux toilettes chez lui, dans une maison peu accueillante, sale et remplie de cafards... incroyable que cette personne puisse vivre ici ! Nous passons ensuite une bonne nuit sur le pont.
Visite à Djebel Silsila et vie locale à Ramadi
Au réveil, l'équipage est à nouveau en colère. En effet pendant la nuit, une personne du village est venue nous voler... une planche de bois servant à accoster sans avoir à sauter du bateau. L'oncle parcourt les environs sans succès à la recherche du voleur, les locaux promettent de retrouver la planche en échange d'argent, ce qui n'arrivera jamais.
notre première activité du jour consiste en la visite du site de Djebel Silsila. Ce site abrite les carrières de grès qui ont servi à de nombreuses constructions importantes de la vallée pendant des centaines d'années.
Le site abrite de nombreuses chapelles et autres petits sanctuaires taillés dans la roche, ainsi que des stèles.
On trouve également le spéos d'Horemheb, un petit temple creusé dans la roche par le pharaon.
Après la visite, nous partons à nouveau pour deux heures de navigation, dans une zone du Nil beaucoup plus sauvage, où l'on trouve un grand nombre d'oiseaux. On passe également devant de jolis petits villages.
Nous faisons une pause déjeuner au bord d'une plantation de mangues, principaux fruits produits dans la région avec les dattes. Ici l'eau du Nil est claire et le courant est puissant, ce qui permet de faire un petit plouf ! Un rafraîchissement bienvenu !
Nous effectuons alors nos dernières heures de felouque en direction de la dernière étape de la croisière, le village de Ramadi, qui est en fait le village où vivent les familles de John et son oncle. Une fois arrivés, nous partons pour une balade dans les ruelles délabrées du village de l'Égypte profonde, où aucun touriste n'est jamais venu, à part les rares accompagnés par John.
Nous faisons la connaissance des enfants de John ainsi que de nombreuses personnes de sa famille. Nous comprenons qu'ici, la multiplicité des mariages permise pour les hommes rend les relations familiales très tendues entre hommes, femmes et enfants.
Nous dînons chez l'ex-femme de l'oncle de John, qui vit seule dans une maison en piteux état mais qui est vraiment adorable de nous recevoir ! Nous faisons ensuite le tour des maisons avec John, où évidemment nous ne pouvons refuser le thé de l'hospitalité !
Cette parenthèse dans la croisière au coeur de la vie traditionnelle égyptienne est très enrichissante. Dommage que notre guide soit plus enclin à régler ses problèmes de famille qu'à faire le lien de la langue entre les villageois et nous.
Nous rentrons finalement au bateau pour passer la troisième et dernière nuit à bord.
Un arrêt au temple d'Edfou avant le retour à Louxor
De bon matin, nous nous éclipsons pour une douche à la bouteille sous manguiers et bananiers, puis quittons pour de bon la felouque afin d'aller prendre le petit déjeuner chez la même dame que pour le dîner de la veille. Nous partons ensuite en bus local vers la ville d'Edfou.
A Edfou se trouve le temple le mieux conservé d'Égypte, rien que ça ! Le temple est dédié à Horus, le dieu faucon, dieu du Ciel, symbole de la royauté, et fils d'Isis et d'Osiris. Le temple est assez récent, il fût terminé par Ptolémée XII, le père de Cléopâtre. Il a pour façade un immense pylône de 36 mètres de haut !
A l'intérieur, on trouve une grande cour entourée de 32 colonnes.
Viennent ensuite deux salles hypostyles puis un ensemble de nombreuses salles autour du sanctuaire d'Horus.
La visite est très agréable car le temple est en excellent état et possède énormément de salles et recoins.
Une fois la visite terminée, nous prenons un tuktuk pour rejoindre la gare d'Edfou. Nous prenons le train vers le nord, où nous faisions une étape de deux nuits à Louxor avant de retourner au Caire.
L'expérience de la croisière en felouque est vraiment agréable. Nous n'envions vraiment pas les gros bateaux de croisière que nous croisons. La croisière en felouque permet de vivre le Nil à la manière des égyptiens, et de visiter les lieux touristiques en dehors des flux de touristes déversés des gros bateaux. A bord d'une felouque, on a également la possibilité de se détendre un maximum en profitant du calme de la navigation à la voile.
Bilan d'une croisière en felouque sur le Nil
Nous avons aimé :
- Une expérience en totale décontraction
- Les paysages des bords du fleuve
- La visite des sites de la vallée loin des hordes de touristes
- Les momies de crocodiles du Kom Ombo
- Le temple d'Edfou, le mieux conservé d'Égypte
- La découverte d'un village et de la vie 100% traditionnels
Nous avons moins aimé :
- La durée de la croisière peut-être un peu trop longue
- Le confort sommaire
Pas si relaxante que ça avec ces mésaventures!
La baignade dans le Nil est très déconseillée mais nous aussi avions cédé à la tentation 😁