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Photo du rédacteurArdechois Worldwide

La traversée du Karamoja

En piste vers le sud ! Après avoir usé la voiture dans le parc de Kidepo, nous entamons la longue descente de l'est du pays. Pour cela, il faut d'abord traverser la région du Karamoja, l'une des plus grandes et des plus isolées de l'Ouganda. Le Karamoja se trouve le long de la frontière Kényane. Le climat et les paysages contrastent énormément avec le reste du pays. Ici, nous sommes dans une partie semi-aride, où une grande plaine très sèche de bush ou de savane s'étend sur des centaines de kilomètres, à 1400 mètres d'altitude. Elle est ponctuée de sommets volcaniques.




La zone fut longtemps inconnue des touristes et des ougandais eux-mêmes ! Jusqu'il y a 10 ans en arrière, elle était le lieu de conflits armés opposant les différentes tribus autochtones de l'Ouganda et du Kenya. Les tribus étaient toutes armées et se faisaient une sorte de guerre du bétail. Les gens s'entretuaient pour se voler du bétail, synonyme de richesse.

La tribu Karamojong était au cœur de ces conflits. De nos jours et à cause de l'isolement, le peuple Karamojong a conservé ses traditions et son mode de vie ancestral.

Nous arrivons à Moroto le soir. Moroto est l'une des plus grandes villes du Karamoja avec Kaabong. Elle se situe au pied du mont Moroto, massif volcanique sur la frontière avec le Kenya, de plus plus 3000 mètres d'altitude. Les déboires avec la voiture nous empêchent de creuser plus les environs mais nous avons cependant le temps d'effectuer la visite d'un village Karamojong le lendemain.

Nous partons avec notre guide, qui est l'un d'eux. Il nous amène dans le village de la famille de sa maman, où son oncle nous reçoit. Les Karamojong vivent dans des Kraal, des villages construits en bois et en terre. Il sont constitués de compartiments assemblés de manière circulaire afin de loger le bétail au centre. Le bétail est ainsi protégé et surveillé par les hommes du village.


Dans chaque compartiment vit une seule famille. Les compartiments sont toujours composés de 4 bâtiments : un séjour, une chambre, un entrepôt et un grenier. Le séjour est le lieu où se retrouvent les hommes la journée.



La ou les chambre(s) où les gens dorment. Ils peuvent dormir jusqu'à 40 par banda, petite chambre circulaire. L'entrepôt sert à stocker matériel et certains aliments. Il est toujours équipé d'une structure pour ranger en hauteur. Enfin, le grenier sert à conserver les céréales.


Pendant la journée, les hommes ont pour mission de s'occuper du bétail, des vaches, chèvres ou brebis. La plupart du temps, ils le confient aux jeunes garçons et restent plutôt au village pour boire de la bière et discuter avec les autres hommes du village dans le séjour. Les femmes font tout le reste du travail de jour : s'occuper des enfants, construire ou entretenir le camp, cuisiner, aller chercher de l'eau et du bois. Les enfants peuvent aller à l'école mais ce sont les parents qui décident. En général, les garçons y vont peu de temps car ils doivent apprendre aussi la vie Karamojong, les filles n'y vont pas car doivent être prêtes à être mariées.


La société Karamojong est polygame. Un homme peut avoir autant de femmes qu'il le souhaite. En revanche, pour pouvoir se marier, il doit offrir un total de 100 vaches à la famille de la mariée, ce qui n'est pas toujours facile à trouver ! Notre guide nous explique que plus ils pouvaient se marier tôt mieux c'était pour avoir le maximum d'enfants possible. Ils n'ont pas le droit de concevoir d'enfants avant le mariage mais une fois celui-ci consumé, ils font des enfants tant que la femme est en capacité d'en faire. Cela donne souvent de très grandes familles ! Notre guide avait 10 frères et soeurs dont 3 sont décédés jeunes. Il a environ 75 demi-frères et demi-soeurs du côté de son père qui était très riche et a pu se marier avec 25 femmes ! Maintenant, sa famille n'est plus si riche car son père s'est fait tuer il y a plus de 10 ans et tout son bétail a été volé... Toute la société Karamojong vit donc autour du bétail, qu'ils utilisent pour le lait. Ils mangent très peu de viande mais utilisent le sang qu'ils boivent mélangé avec le lait. Le reste de leur alimentation est constituée surtout de céréales qu'ils cultivent malgré le climat aride pas toujours propice : maïs, sorgho, blé, orge. Si les vaches sont utilisées comme monnaie d'échange, les chèvres le sont pour effectuer des sacrifices, afin d'obtenir une bonne récolte, une bonne météo ou autre bénéfice naturel. Une fois la visite du Kraal terminée, nous avons rendez-vous sous le Tamaris, un arbre sacré pour les Karamojong. Nous sommes conviés à leurs danses et chants traditionnels. Pendant de longues minutes, nous observons puis nous rejoignons la fête.


La visite d'un village Karamojong, loin des lieux touristiques que nous avons vus notamment en Tanzanie avec le peuple Massaï plus habitué au tourisme, est vraiment une belle expérience qui reste encore authentique ce qui est rare dans ce genre d'activité. Nous avons passé un bon moment malgré la barrière de la langue qui nous a empêchés de parler avec les locaux.

Nous continuons maintenant notre descente vers le sud en quittant le territoire Karamojong par le magnifique massif du Mont Kadam. Nous nous rendons sur les contreforts du Mont Elgon.




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