Longue arrivée à Colonia Carlos Pellegrini
La traversée d'ouest en est de l'Argentine est particulièrement longue, encore plus lorsqu'il faut rejoindre la plus grande réserve protégée du pays mais aussi l'une des moins bien desservies ! Un premier bus de nuit permet de rejoindre Corrientes depuis Salta, puis un second bus permet d'arriver Mercedes. Petit conseil d'ami : veillez à faire attention aux nombreux pigeons qui vivent en hauteur dans la gare routière de Corrientes, cela vous évitera un passage aux toilettes pour vous délester de leurs excréments !
Corrientes est une grande ville située au bord du Rio Parana, un des plus grands fleuves d'Amérique du sud, qui se jette dans l'Atlantique à Buenos Aires. Mercedes fait partie du district de Corrientes. C'est une ville de culture Gaucho, où un culte est voué au Gaucho de légende Alberto Gil, surnommé El Gauchito. A Mercedes, on est presque arrivé au but du voyage : rejoindre la réserve protégée des Esteros del Ibera. Pour cela, il faut prendre un collectivo qui circule les lundis, mercredis et vendredis... évidemment nous sommes mardi, il faut donc trouver un autre moyen. Nous opterons pour l'unique solution du jour afin d'éviter de passer la nuit à Mercedes, un transfert en 4x4 plutôt onéreux !
120 kilomètres dont 80 sur une piste de cailloux relient Mercedes à Colonia Carlos Pellegrini, principale porte d'entrée aux Esteros del Ibera. Cette zone protégée de 18000 hectares comprend le parc national Ibera, le parc provincial et une réserve naturelle en cours de régénération pour former dans quelques années un grand et unique parc national. On notera donc la belle initiative d'agrandissement de la zone protégée. Les environs étant comme le reste des plaines d'Argentine : des grandes exploitations bovines clôturées sans le moindre arbre.
Le parc est une magnifique zone humide composée d'étangs, de marécages et de lagunes. Colonia Carlos Pellegrini se trouve au bord d'ailleurs de la lagune Ibera, dans un bel environnement verdoyant et plein de vie. Nous arrivons enfin sur les lieux et prenons nos quartiers au camping municipal, situé au bord de la lagune.

Des capybaras se promènent autour de notre tente pour nous souhaiter la bienvenue. Ces énormes rongeurs complètement inoffensifs sont les plus gros du monde !

Le camping a un emplacement de choix pour observer les couchers de soleil sur la lagune, et le spectacle est vraiment magnifique ! Beaucoup de monde vient d'ailleurs pour l'occasion.


La faune de la Laguna Ibera
Le lendemain, réveillés par les chants d'oiseaux après une grande nuit de 10 heures pour rattraper le sommeil perdu en cours de route, nous partons en bateau sur les eaux de la lagune à la recherche des habitants des lieux.


Nous observons, au cours de la matinée, de nombreux petits oiseaux bien colorés tels que les paroares et leur tête rouge vif. Parmi la faune aviaire, la lagune est également riche en martins-pêcheurs, hérons, aigrettes, cormorans, vanneaux, jacanas et en magnifiques kamichis à collier !










La lagune est également infestée de deux espèces de caïmans : les caïmans noirs à la gueule pointue et les caïmans overo aux mâchoires plus larges. Il y en a partout, en train de se prélasser sans bouger dans les eaux calmes proches des rives. Nous observons même une maman et ses petits dissimulés dans la végétation.



En fin de tour, nous avons la chance de voir une femelle cerf des marais et son pelage orangé en train de se promener sur les rives.

De retour à midi au camping, nous n'avons rien à manger et décidons de nous rendre au village de Colonia Carlos Pellegrini pour trouver un restaurant. En parcourant les rues désertes du village, nous constatons que tout est fermé ou presque, nous trouvons par hasard une supérette pour acheter quelques vivres pour les jours de camping à venir. Nous finissons enfin par trouver le seul restaurant ouvert de la ville pour manger une Milanesa de poulet.
Sur les sentiers du parc provincial
De l'autre côté de la lagune, autour des bureaux du parc et d'un centre d'interprétation, se trouve le départ de plusieurs petits sentiers d'observation qui parcourent la forêt ou les bords de l'eau.

Nous commençons par le premier petit sentier qui mène dans une petite forêt habitée par les singes hurleurs. Nous avons la chance de tomber rapidement sur un petit groupe d'individus qui se promènent dans les arbres. Les singes hurleurs vivent en petit groupe où le mâle dominant a environ 5 ou 6 femelles autour de lui. Nous croisons ici le mâle, plusieurs femelles dont l'une avec un bébé sur son dos. Le mâle a le pelage marron alors que les femelles sont plutôt dorées.


Nous partons ensuite sur le sentier de la zone humide où une partie est aménagée sur des passerelles puis le sentier s'enfonce dans la végétation et la boue pour accéder à plusieurs points d'observation. Sur la boucle, nous croisons un grand nombre de capybaras ainsi que deux mâles et deux femelles cerfs des marais : magnifiques !



Nous rencontrons aussi des petits cerfs : les daguets rouges.
Le soleil commence à baisser, nous rentrons par la promenade sur la digue et le pont jusqu'au camping. Ce soir aussi le coucher de soleil est exceptionnel !

Safari de nuit sur les pistes de la réserve
La journée dédiée à l'observation de la faune très riche de la région n'est pas terminée, place maintenant à un safari nocturne sur les pistes des environs à bord d'un 4x4 hors d'âge, proche de nous laisser rentrer à pied dans la pampa !
Nous sommes à la recherche des mignons tatous, des improbables fourmilliers géants ou encore du svelte loup à crinière qui peuplent la zone, sans succès. Cependant, beaucoup d'animaux croisent notre route. Bien entendu, les plus nombreux sont les capybaras !

Nous observons également des cerfs Axis, des viscaches des plaines, des sangliers, des chouettes ou encore des daguets rouges.



Sur les sentiers du parc national
La journée du lendemain sera moins chargée. Le matin nous décidons de parcourir les sentiers du parc national qui partent à 5 kilomètres du camping. Plutôt que marcher le long de la piste en ligne droite pas forcément sympathique, nous décidons de faire du stop. Première tentative, première réussite, un monsieur âgé en vacances ici s'arrête pour nous conduire. Nous passons un bon moment sur la piste, dommage que notre espagnol limite les possibilités de conversation.
Nous arrivons sur le sentier, qui longe une zone humide de manière très rectiligne...un peu monotone. Les observations dans la zone ne sont pas à la hauteur de la veille malgré de nombreux capybaras et quelques oiseaux. Nous parvenons tout de même à voir une femelle capybara faire téter ses petits.





De retour au départ du sentier, nous nous rendons jusqu'à un point de vue où de bavardes conures veuves se sont posées sur les cactus et palmiers du bosquet.





Vers les midis, nous rentrons au village, encore une fois en stop. Cette fois-ci, nous mettons un peu plus de temps à trouver un chauffeur, finalement deux familles ont chacune une place dans leur voiture... nous voilà donc séparés pour quelques minutes. Encore plus difficile de faire la conversation en langue locale ! Après un bon repas, nous passons l'après-midi à nous détendre au camping, sous un beau soleil, puis finissons par une promenade au village pour acheter les tickets de bus pour le lendemain. Sur la place principale, nous apercevons un sublime pic vert et noir.


Un départ à rebondissements
Nous partons le lendemain pour Mercedes puis l'objectif est de nous rendre à Puerto Iguazu au nord du pays. Nous avons pris les tickets de bus pour celui du vendredi qui part à ... 3h30 du matin !
Prêts pour une nuit courte, nous préparons nos affaires quand un père et son fils arrivent au camping et installent leur tente proche de la nôtre. Nous commençons à faire la conversation et apprenons qu'ils vont à Posadas le lendemain. C'est une belle opportunité pour nous car Posadas est au nord sur la route directe vers Iguazu. La piste vers Posadas est difficile, c'est pour cela qu'aucun transport ne l'emprunte. Le monsieur nous propose de nous y amener, ce qui nous fait gagner des heures de sommeil et de transport. Nous partirons donc demain à 14h pour Posadas avec ces deux argentins fort sympathiques...
Arrivés en avance au rendez-vous du lendemain, notre chauffeur de fortune nous dit que la piste est impraticable pour sa voiture et qu'il se rend en fait sur Mercedes.... grosse déception, car au lieu de gagner du temps nous en perdrons. Commence alors une course contre la montre pour être à l'heure pour le bus qui part de Mercedes pour Paso de los Libres ! Nous arrivons finalement 5 minutes avant le départ du bus, nous nous rendrons à Paso de los Libres, puis Posadas, puis Puerto Iguazu au terme d'un périple mémorable !
Notre séjour aux Esteros del Ibera fut vraiment excellent que ce soit pour le cadre idyllique des lieux, le camping, la faune, la gentillesse des locaux. Bien que nous en ayons de beaux souvenirs, la logistique pour se rendre au parc n'est quand même pas à la hauteur et cause beaucoup de difficultés.

Nous arrivons donc à Puerto Iguazu à 7h du matin, lieu de notre avant dernière étape en Argentine.
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