Jour 1 : De Salta à Tolar Grande
Vers 7 heures du matin, nous embarquons dans un 4x4 avec deux français et notre guide/chauffeur Joaquin. Peu matinal, ce dernier nécessite rapidement une pause café ! Il achète également un bon stock de feuilles de coca, qui sera utile par la suite.
La route commence à grimper en direction de San Antonio de los Cobres. Elle passe à travers une vallée, la Quebrada del Toro, encore couverte mais déjà très belle. Les montagnes sont dessinées et colorées, et couvertes de cactus géants. Le soleil perce les nuages et donne un peu de magie au lieu.
Nous progressons encore en altitude, la végétation nous quitte, les paysages deviennent de plus en plus désertiques. Nous arrivons dans le petit village de Santa Rosa de Tastil. Au-dessus de celui-ci se trouve un immense site archéologique : les ruines de Tastil, vestiges d'une ancienne ville de plus de 8000 habitants. A plus de 3300 mètres d'altitude, cette ville fortifiée bâtie par les indiens Atacamas, fut détruite par les Incas au XVème siècle. L'excellent état de conservation permet de découvrir la place principale, des habitations, des tombes, ou des enclos de lamas.
Toujours plus haut, Joaquin nous emmène enfin à San Antonio de los Cobres, après le passage d'un col à plus de 4000 mètres d'altitude. La ville est la plus grande des alentours, elle sert de base aux activités minières de la région. Elle est aussi le lieu d'origine de notre guide, toute sa famille y vit encore. Nous profitons de la pause déjeuner pour nous acclimater aux hautes altitudes, ainsi que pour goûter un empañada et une escalope milanaise à la viande de lama.
De retour sur les routes qui sont devenues des pistes, nous continuons de grimper sur la RN51 pour passer le col de Alto Chorillo à 4560 mètres d'altitude.
Nous voilà sur l'Altiplano. L'aventure commence vraiment, avec le salar de Pocitos, un beau désert de sel que nous traversons en voiture. Le salar est, comme la plupart des salars argentins, chiliens ou boliviens, exploité pour produire du lithium et du Borax. Les salars de la région sont le résultat d'un processus mêlant volcanisme et érosion.
Nous avançons vers l'ouest, les paysages deviennent de plus en plus colorés, tendant vers le rouge. Nous approchons l'un des lieux les plus époustouflants que nous ayons pu voir en Argentine. La piste commence à s'enfoncer dans des formations rouges de sédiments finement sculptées par l'érosion. Les formes arrondies de toutes tailles deviennent de plus en plus présentes et se trouvent maintenant à perte de vue.
Nous sommes dans le labyrinthe de Los Colorados, lieu digne d'une autre planète, qui a d'ailleurs servi pour les décors du premier Star Wars.
Nous restons sans voix dans ce petit bout de Terre, inconnu de la plupart du monde, excepté des travailleurs qui viennent ici davantage pour les mines que pour prendre des photos. Nous grimpons un petit relief pour contempler les environs.
Certaines formations sont mêmes bicolores, à cause de couches de nitrate qui viennent blanchir de belle manière ces formes douces.
Nous continuons dans la splendeur environnante, et atteignons le Desierto del Diablo. Aucun mot ne peut venir déranger le silence du désert.
La piste continue sur les hauteurs de la plaine craquelée.
Nous passons les 7 virages dans le sable rouge et continuons notre chemin vers la destination finale du jour.
Nous arrivons à Tolar Grande avant la tombée de la nuit, et prenons nos quartiers dans l'une des seules auberges de ce village minier de quelques 300 habitants. La nuit dans le froid des 3550 mètres d'altitude n'est pas la meilleure. Nous pensons aux sublimes découvertes du jour et essayons d'imaginer celles du lendemain.
Jour 2 : Tolar Grande, extraterrestre
Le soleil se lève sur l'Altiplano. En attendant que notre guide ait récupéré toutes ses forces, nous faisons un petit tour du propriétaire, jusqu'à un petit point de vue au-dessus du village.
Nous partons enfin pour parcourir quelques kilomètres avant d'arriver à Ojos del Mar, en français, ''les yeux de la mer''. Ce site est une oasis composée de plusieurs trous d'eau bleu turquoise, disposés là, au milieu d'un désert de sel couché dans la Puna. Le nom tient des colons qui, en voyant l'eau, auraient cru voir l'océan Pacifique. Ces yeux sont formés par le passage d'eau de pluie sous le sel. Après l'érosion de la couche de sel, lorsque de l'oxygène entre, l'eau jaillit et forme ces ''yeux''.
Les lumières du matin et l'absence de vent font de de ces yeux de véritables miroirs !
La prochaine étape nous mène non loin de Tolar Grande, dans un site envoûtant appelé Los Medanos del Arenal. Nous entrons à travers les formes esthétiques des reliefs aux couleurs chaudes.
Nous grimpons dans le sable rouge créé par l'érosion des collines sédimentaires pour atteindre un sommet qui nous offre une vue à 360 degrés des alentours... wouah !
Nous restons assis à écouter le silence, à admirer le paysage au nord, au sud, à l'est, à l'ouest...tout est beau !
Sans voix, nous rentrons à Tolar Grande pour une pause déjeuner. Les découvertes du jour ne sont pas terminées ! Pour l'après-midi, cap vers l'ouest du village, et le salar d'Arizano, la plus grande étendue de sel d'Argentine.
Nous roulons plus d'une heure au milieu du désert blanc et marron pour le traverser. Nous nous approchons enfin d'un nouveau point d'intérêt de la région : le Cono de Arita.
L'édifice est un volcan de 147 mètres de haut qui ressemble à une pyramide parfaite, posée au milieu du salar. C'est un ancien volcan qui n'a jamais explosé, c'est pourquoi il n'a pas de cratère et n'a jamais craché de lave.
Les lumières sur le salar et le cône deviennent de plus en plus belles au fur et à mesure que le soleil devient rasant.
Nous rentrons sur Tolar Grande pour y être avant la nuit. Plus tard, après le dîner, Joaquin nous propose de ressortir afin de nous rendre à plusieurs kilomètres de Tolar Grande et bénéficier de l'absence de lumière pour observer le ciel.
Nous sommes dehors, au milieu du désert, dans la nuit noire. Le ciel se dévoile à nos yeux, les étoiles scintillent. Des étoiles filantes viennent même s'ajouter au spectacle !
La deuxième journée à Tolar Grande finit donc comme elle a commencé, en feu d'artifice. Nous nous demandons encore comment cette région aussi méconnue peut-elle offrir autant de merveilles !
Jour 3 : Retour sur Salta
Nous voilà partis de Tolar Grande, pour cette dernière journée et ce retour sur Salta. Nous reprenons la même piste que pour le trajet aller et redécouvrons les paysages sous les lumières du matin.
Nous repassons par le Desierto del Diablo et c'est à nouveau l'émerveillement ! Le soleil et le ciel bleu sont cette fois-ci de la partie.
Les paysages défilent toujours devant nous. Aujourd'hui, les étoiles ne sont pas dans le ciel mais dans nos yeux !
Joachim nous offre un petit détour pour rejoindre San Antonio de los Cobres. Nous passons par un col à 4630 mètres d'altitude pour rejoindre le salar de Pastos Grandes et la lagune du même nom où vivent des flamands.
Sur la route, nous observons de nombreuses vigognes, ainsi que des guanacos et des lamas.
Juste avant d'atteindre la ville de San Antonio, nous faisons un crochet par le viaduc de la Polvorilla. Cette structure de 65 mètres de haut permet au train De las Nubes de traverser une gorge. Ce train parcourt une voie de chemin de fer qui relie Salta et le Chili et passe par les quelques villages miniers de la Puna.
Nous arrivons à San Antonio de los Cobres pour y déjeuner. Joaquin nous invite alors à manger dans la maison de sa famille, où vit une partie de ses frères et sœurs. Nous sommes accueillis à merveille dans une petite maison. La soeur de notre guide a préparé des dizaines d'empañadas, c'est un régal de partager un si bon repas avec des gens charmants !
L'heure tourne, nous devons entamer la redescente vers Salta. Nous laissons derrière nous tant de merveilles préservées. Lors de la descente, nous profitons des paysages grandioses de la Quebrada del Toro baignés par le soleil de fin d'après-midi.
Clap de fin pour ces trois jours à la découverte de sites peu touristiques et pourtant si merveilleux. Nous avons apprécié être seuls au milieu de la Puna argentine, ses déserts de sel, ses sommets, ses reliefs et couleurs dignes de films de science-fiction... Tolar Grande est pour nous l'une des plus belles destinations qui existe.
Merci pour ces magnifiques découvertes!